Le maintien à domicile des personnes dépendantes
Par Katia TOURNEUX Directrice du C.I.A.S. de Brécey
I. Constat
L’aide au maintien à domicile
concerne des personnes de tous âges touchées par une incapacité à réaliser des
tâches de la vie quotidienne (soins paramédicaux, toilette, repas, ménage,
courses, …).
Suivant les besoins de la
dépendance, les actions du service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) se
traduisent par des interventions journalières de vingt minutes à une heure se
situant le matin entre 7h30 et 11h30 et le soir entre 18h00 et 20h30. Les aides
ménagères, quant à elles, interviennent 3/4h par jour dans le meilleur des cas.
L’aide ainsi apportée permet
aujourd’hui de prolonger durablement le maintien à domicile. Elle a cependant
ses limites qui, s’il n’y a pas d’aidant naturel (famille, amis, voisins),
peuvent amener la personne dépendante à passer près de 22 heures par jour dans
une grande solitude. Le coût des interventions limite leur nombre et aboutit à
un manque de continuité dans la prise en charge, notamment la nuit, ce qui peut
amener la personne âgée à devoir rejoindre une maison médicalisée.
Sortir de l’isolement :
a) Des dispositifs ont été mis en
place par certains centres d’action sociale pour aider
les aidants (conjoint aidant et enfant aidant) et pour soutenir les parents
dont les enfants handicapés vivent encore chez eux.
• Organisation
de réunions de travail entre les aidants : en
collaboration avec l’EHPAD, des repas et moments conviviaux sont organisés
ainsi que des rendez-vous ponctuels entre aidants pour leur apporter un soutien
moral et leur permettre d’échanger et de confronter les problématiques.
• Une assistance
administrative est également proposée à tous pour
déterminer les aides disponibles et aider les personnes à remplir les dossiers
de demande d’aides (APA par exemple).
b) La construction, de logements à
destination de personnes dépendantes, avec un
service d’accompagnement, l’objectif étant de développer
la solidarité entre les locataires et de remédier à la solitude tout en
apportant une certaine sécurité.
II. Propositions pour pallier
l’isolement et améliorer l’efficience des soins :
a) Mutualiser l’ensemble des
moyens existants : une réflexion en amont sur l’organisation de l’ensemble des structures de
soins et d’accompagnement doit être mise en place dans le Sud-Manche afin
de permettre d’agir de façon transversale, d’être plus efficients et d’employer
plus efficacement les moyens financiers. Une telle démarche permettrait une
meilleure coordination entre les différents acteurs de santé et d’aide à
domicile et contribuerait à un accompagnement plus décent et plus respectueux
de la dignité des personnes.
b) Recruter
et former des auxiliaires de vie : bien
souvent, les personnes dépendantes à domicile ont davantage besoin d’un
accompagnement humain que de soins techniques. Certaines interventions du SSIAD
pourraient être effectuées par des auxiliaires de vie ce qui permettrait de
réserver des places pour des personnes ayant une pathologie demandant des
interventions vraiment d’ordre paramédical.
c) Créer un
véritable réseau de formation.
d) Mettre
en place un service de nuit relié au SSIAD.
e) Développer
les technologies numériques pour le suivi des personnes en difficulté de santé.
f) Créer
une structure de visites à domicile Alzheimer.
La
synergie de tous les élus, des professionnels, des bénévoles et des familles
est indispensable pour optimiser aujourd’hui une qualité de vie notamment pour
les personnes les plus vulnérables que sont les personnes âgées dépendantes ou handicapées.
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La désertification médicale
Par le groupe de travail «santé»
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La désertification médicale
Par le groupe de travail «santé»
Constat
Le Conseil national de l’ordre
des médecins (CNOM), lors de la présentation de sa 5ème édition de l’Atlas
démographique médical en avril 2011, a mis l’accent sur les grandes disparités
qui existaient entre les territoires en termes d’accessibilité aux soins.
Cette situation est directement
liée au nombre très limité des nouvelles installations des médecins libéraux en
zone rurale. Le CNOM confirmait la
nécessité d’une approche régionale et départementale pour organiser et
favoriser l’équité des soins sur le territoire français.
En première ligne face à ce
problème de désertification médicale en milieu rural, les habitants du Sud
Manche pâtissent également du déficit d’image dont souffre la médecine libérale
dans son ensemble.
Les jeunes diplômés sont effrayés
par la lourde charge administrative qui pèse sur les médecins exerçant seuls
leur activité. Le temps consacré à la gestion du dossier médical des patients
empiète exagérément sur le temps de consultation. Corrélativement à cette
lourdeur administrative, la crainte des risques judiciaires représente un frein
à l’installation du jeune médecin. Exerçant son activité en toute indépendance,
sans lien de subordination, le médecin libéral est entièrement responsable de
ses actes professionnels. Cet aspect de la profession est particulièrement anxiogène pour le jeune praticien. Celui-ci est
rassuré par le milieu hospitalier qui offre un cadre administratif et juridique
sécurisant. En cas de litige, ce sera le service, voire la structure entière
qui endossera la responsabilité judiciaire.
Propositions
Pour attirer les jeunes
praticiens sur notre territoire, il semble évident qu’un environnement
administratif et juridique sécurisé est nécessaire. Le Conseil Général de la
Manche a déjà mis en place un système de bourses pour les étudiants en médecine
qui s’engagent à exercer leur profession dans le département de la Manche. Ce
dispositif évolue en 2012 ; l’engagement est raccourci à 5 ans et intègre
désormais des critères sociaux. De plus,
une nouvelle aide est également proposée pour les étudiants internes. Pour «
booster » encore l’attractivité de notre territoire, il est nécessaire de
proposer des conditions de travail simplifiées par la mise à disposition d’une structure
administrative « clés en main » :
local, gestion administrative des patients , protection juridique, etc.
Ainsi, ce système de « Cabinet public » permettrait aux jeunes diplômés de
franchir le pas de l’installation sans trop de crainte. Il s’agit d’organiser un véritable service de
médecine libérale ambulatoire en milieu rural.
De plus, le principe du stage des étudiants
chez les médecins généralistes doit être davantage valorisé. Ce dispositif
nécessitant l’habilitation comme « maître de stage » de deux ou trois médecins
sur le même territoire est un excellent moyen pour faire découvrir
l’environnement de travail de qualité des médecins en zone rurale. En effet, si
les jeunes médecins ne sont pas, a priori, attirés par le Sud Manche, les six
mois passés parmi nous peuvent leur permettre d’apprécier la qualité de vie
offerte par notre territoire.