Extension des ports de Granville
Par Pierre-Jean
Blanchet
Constat :
Granville, la «Monaco du nord»
profite d’un rayonnement qui lui permet de capter des flux bien au-delà de nos
frontières départementales. Le projet d’extension portuaire de Granville peut donner une
impulsion forte au cadre socio-économique du Sud-Manche. Un certain nombre
de points avaient été actés avec les acteurs économiques, les élus et la
population :
- de meilleures
conditions de travail pour les pêcheurs
- l’augmentation de
la capacité de plaisance
- un service de
liaisons maritime avec les îles Anglo-normandes
- une nouvelle
dimension du port de commerce
Cinq ans après l’issue du débat public qui avait mis en
évidence une large approbation des objectifs et des solutions
proposées, il convient de s’interroger sur certains aspects :
- la remise en cause partielle du
PLU de Granville en 2009
- l’évolution de l’activité
commerce des marchandises qui voit ses tonnages diminuer.
- la crise économique intervenue
qui accentue cette fluctuation et qui a réduit les marges de manœuvre
financières des collectivités.
Perspectives :
Ces aspects doivent nous conduire
à une réflexion, à la fois sur le redimensionnement du port de
commerce «marchandises» au regard des trafics attendus et l’optimisation des
surfaces portuaires et des places à flots en conséquence, ainsi que sur le
confortement des objectifs concernant :
- la pêche, (Granville, premier
port coquillier de France) qui a besoin d’un bassin plus facilement accessible
aux petits tirants d’eau et d’une plage horaire d’accès à la criée plus
favorable.
- la plaisance, en sous-capacité
flagrante en face d’un bassin de navigation parmi les plus attractifs de France.
L’optimisation de l’avant-port peut contribuer à l’accueil de places à flot et
un terre-plein contigu à celui de places «à sec».
- l’activité
« passagers », qu’il convient de stabiliser en offrant une
possibilité de transport de voitures et de fret (micro-containers) par un ferry
et une passerelle adaptés au marnage, qui caractérise le port de Granville.
- Quant aux espaces à terre
libérés, il convient de les intégrer dans une interface ville-port
combinant attractivité, développement touristique et valorisation économique de
la zone péri-portuaire.
La valorisation de ces espaces
libérés, hormis les espaces réservés exclusivement aux activités portuaires,
sont de nature à contribuer au financement des travaux portuaires. En effet, la
possibilité, pour les investisseurs qui en disposeraient, de réaliser des
bâtiments (bureaux, services, commerces, hôtels, logements respectant la mixité
sociale, ...) serait en mesure de :
- réhabiliter et donner une
nouvelle vocation à ces espaces portuaires libérés, apportant de l’animation et
des plus-values pour le territoire.
- générer des redevances en tant
que titulaires d’occupations domaniales d’espaces portuaires (cela passe
également par une compatibilité du PLU, qu’il convient de faire évoluer pour le
permettre).
La faisabilité d’un tel projet, compte tenu des
contraintes de ce jour, repose essentiellement sur une hypothèse de financement
acceptable tant pour la collectivité maître d’ouvrage que pour les usagers du
port. C’est le subtil équilibre qu’il convient de trouver. L’activité pêche
(tout juste à l’équilibre) n’est pas en mesure de financer des travaux
conséquents dont elle a besoin. De la même façon, il ne serait pas raisonnable
de faire supporter par les seuls plaisanciers les travaux qui incombent à d’autres
activités: pêche, commerce. Aussi il devient nécessaire de réfléchir à des
solutions de financement innovantes qui allient, dans le cadre d’une gestion
partenariale (public-privé):
- les possibilités du
conseil général, maître d’ouvrage,
- les contributions à
l’investissement des différentes activités, tout en prenant soin qu’elles
restent dans le champ concurrentiel,
- les redevances
domaniales générées par la densification des investissements sur les espaces
portuaires libérés.
Il faudra veiller aussi à
apporter des réponses :
- sur l’aspect
nautique : en l’absence de grande digue de protection
extérieure, un brise-lame, au sud de la grande jetée parait indispensable car
le simple prolongement de la digue ouest ne protège pas suffisamment l’avant-port
de la réverbération de la houle venant du sud, et l’étroitesse de l’entrée du
port empêcheraît la venue de cargos dans les dimensions qu’on leur connaît
aujourd’hui.
- sur l’accueil d’un
ferry, à ouverture latérale : il rendra nécessaire de construire un
appontement-cale d’une longueur suffisante pour prévoir une plage horaire
d’accostage intéressante. L’importance du marnage du port de Granville impose
un examen attentif de l’implantation d’un tel ouvrage.
- sur la forme de
radoub, il témoigne d’un passé historique relatif à la construction et à
la réparation navale (terre-neuviers) et mérite un traitement particulier. Il
convient donc de réfléchir à la mise en valeur de ce patrimoine maritime ainsi
que de l’espace contigu.
A l’instar du Mont Saint-Michel,
dont le rayonnement dépasse largement le site en lui-même, le travail de
valorisation des ports de Granville profitera à l’attractivité du territoire du
Sud Manche dans son ensemble.
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